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  • Photo du rédacteurBernard Rosen

L'alliance thérapeutique

Le petit prince demande au renard : qu’est-ce que signifie « apprivoiser » ?

- C'est une chose trop oubliée dit le renard. Cela signifie « créer des liens "

- Créer des liens ?

- Bien sûr dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à 100.000 petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à 100.000 renards.

Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde.[1]

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Le patient qui entame une thérapie est enfermé dans sa souffrance parce qu’il reproduit obstinément des tentatives de régulation de ses relations interpersonnelles, qui sont des comportements déterminés par des pensées closes sur elles-mêmes et qui négligent des émotions contenues.

Le but de la thérapie est de mettre le patient en mouvement vers une liberté qu’il croyait perdue ou inaccessible, afin que sa souffrance disparaisse ou devienne pour le moins acceptable dans la nouvelle situation qui sera celle de nouveaux possibles.

Au début d'une relation thérapeutique, le récit du vécu du patient reste prudent, banal, quelle que soit la confidence apparente.

Alors qu’en séance le patient a essentiellement rendez-vous avec lui-même, la relation thérapeutique doit devenir authentique pour lui permette de dire des choses difficiles à dire et d'entendre des choses difficiles à entendre, pour qu’il ose exprimer, au-delà de tout conformisme social, sa vérité intérieure, à laquelle il reste fidèle[2].

La relation doit devenir une alliance.

En me référant à la théorie des systèmes de Grégory Bateson qui énonce que « le comportement d’un individu est déterminé par les réactions de son entourage », je comprends qu’en l’occurrence, le comportement du patient est déterminé par celui du thérapeute et que c'est au thérapeute qu'il appartient de créer cette alliance en abandonnant sa vision du monde pour rejoindre sincèrement et avec bienveillance la vision du monde du patient.

Lorsque le patient manque des rendez-vous, en reporte régulièrement l’heure ou la date, n’exécute pas, entre les séances, les tâches que je lui assigne, je sais que je n’ai pas rejoint sa vision du monde pour créer l’alliance thérapeutique.

Je n’ai pas pris le temps de l’apprivoiser.

[1] Le Petit Prince – Antoine de Saint-Exupéry [2] Cette définition de l’authenticité est de Charles Taylor, philosophe Canadien

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