Les règles ne constituent pas les seuls exemples d'apprentissage de la morale. Il en existe un autre très courant, rencontré à l'occasion des divers partages que nous sommes amenés à faire régulièrement.
Prenons le cas d'un gâteau devant être coupé en six parts pour des enfants âgés de 4 à 10 ans :
· Blanche, 4 ans, en a très envie et elle veut un gros morceau, le plus gros car elle en a très envie !
· Pauline, 5 ans, s'estime plus grande que Blanche et plus âgée, elle revendique une part plus grosse que cette dernière.
· Flora, 6 ans, propose que le gâteau soit coupé en six parts strictement égales, et elle est volontaire pour couper le gâteau.
· Éléonore, 7 ans, pense que Cécilia qui a fait le gâteau peut en avoir un peu plus que les autres.
· Justine, 8 ans, est d'accord pour considérer que Cécilia peut en avoir plus que les autres, ainsi que Blanche qui est la plus petite.
· Cécilia enfin, qui a 10 ans et qui a fait le gâteau, va proposer que Blanche aille sous la table pour désigner les parts au hasard, après avoir essayé de les couper le mieux possible en parts égales.
Ces six comportements correspondent à six stades, qui ont été décrits pour la première fois par William Damon de l'université de Stanford :
· à 4 ans, c'est la simple envie qui domine ;
· à 4-5 ans, apparaît la prise en compte de critères externes ;
· à 5-6 ans, la préférence pour l'égalité, c'est-à-dire le choix d'une moyenne entre ses propres envies et celles des autres ;
· à 6-7 ans, le mérite est pris en compte ;
· à 8 ans, la relativité de la situation de chacun est mieux analysée ;
· à partir de 8 ans, l'enfant commence à rechercher un équilibre entre les demandes d'égalité et d'équité, de manière à minimiser les conflits.
Et Philippe Presles d’en conclure :
« Ces stades nous font constater, une fois de plus, que vers l'âge de 5-6 ans, l'enfant devient capable de quitter une logique égocentrique, centrée sur lui, pour de nouvelles logiques intégrant davantage les autres à travers les notions d'égalité, puis d'équité et enfin de responsabilisation face à des situations potentiellement conflictuelles.
La notion de bien et de mal devient ainsi beaucoup plus élaborée et autorise un enrichissement de notre vision du monde. Elle multiplie les facettes de nos choix et enrichit nos dilemmes : c'est l'une des composantes de notre profonde liberté ». (fin de citation)
Lorsque j’observe le comportement de certains mandataires politiques dans ce pays et dans d’autres, celui des gestionnaires de conglomérats multinationaux qui empoisonnent les populations et l’environnement au nom du profit, je constate que leurs agissements correspondent à celui de Blanche : âge mental 4 ans.
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